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Corruption en RDC :« il faut sensibiliser et éduquer la jeunesse »


Un pays riche et une population pauvre, le cliché est éculé mais, malheureusement toujours d’actualité lorsque l’on parle de la République démocratique du Congo (RDC). Cuivre, or, diamant, coltan… Les ressources naturelles sont nombreuses au Congo. Le pays produit également 60% du cobalt mondial dont les cours s’envolent aujourd’hui. Pourtant, plus de 70% des Congolais vivent avec moins de 2 dollars par jour et un habitant sur trois se trouve en insécurité alimentaire selon l’ONU.
Au premier rang des accusés : la corruption, qui gangrène la société à tous les étages. Une corruption endémique qui renforce les inégalités, nourrit les conflits et freine le développement du pays.

Une corruption généralisée
En 2020, la RDC a perdu deux places dans le classement de Transparency international sur la corruption et occupe la 170e place sur … 179 ! Cet inquiétant constat a été au coeur d’une rencontre organisée le mois dernier par l’initiative Europe-Africa Youth Network. De jeunes Européens, des Congolais de l’intérieur et de la diaspora, ont échangé sur le sujet et évoqué leurs solutions. Et les exemples de corruption ne manquent pas chez les jeunes Congolais. Saidi Mugunda, qui travaille dans le secteur agricole à Goma, témoigne : « Certains entrepreneurs s’approvisionnent auprès des sources peu sûrs et corrompent les agents du service public de certification des semences pour qu’ils aient l’autorisation malgré la qualité douteuse de leurs produits ».
Tous les secteurs d’activités sont touchés par la corruption. Entreprises privées, comme services publics. Etudiant à Lubumbashi, Kayungu Feza explique que « les notes sont vendues » dans les écoles et les universités. « Les connaissances ne sont plus nécessaires, mais la poche peut tout donner. L’équité, la transparence et l’honnêteté devraient toujours promouvoir l’éducation ». Même à l’hôpital ou dans les centres de santé, la corruption est un fléau bien présent. Elisabeth Tshiama Mukendi, médecin à Kinshasa, raconte que « de nombreux patients ne peuvent pas recevoir de soins de santé appropriés parce qu’ils n’ont pas d’argent. Les patients sont privilégiés uniquement à cause de leur argent ». En cause (comme dans tous les services publics) : des salaires pas ou peu payés.

« Une nouvelle génération doit être éduquée »
Les jeunes participants à la rencontre organisée par Europe-Africa Youth Network ont également avancé leurs solutions pour combattre la corruption. Pour Jonathan Basara Mugisa, un Congolais de la diaspora au Canada, « la première étape consiste à reconnaître qu’il y a un problème. Nous avons tous, à un moment ou à un autre, été corrompus ou même corrupteur, aussi petite soit l’échelle ». Benjamin Bisimwa Cibaye, de Bukavu, prône « le renforcement total des mécanismes de prévention et de lutte contre la corruption ». Depuis l’arrivée à la présidence de Félix Tshisekedi, une agence de lutte contre la corruption (APLC) a été créée et la justice a commencé à s’emparer d’affaires de corruption. « Lutter efficacement contre la corruption suppose avant tout que la justice, dernier rempart, soit administrée équitablement sans distinguer les puissants des faibles » précise Benjamin.
Mais pour lutter contre une corruption « généralisée, normalisée et institutionnalisée », Lucien Biringanine, un autre jeune congolais vivant aux Pays-Bas, explique « qu’une nouvelle génération doit être éduquée pour qu’elle considère la corruption comme anormale.
Nous devons inculquer à nos enfants les valeurs de la lutte contre la corruption pour avoir demain une société différente, débarrassée de toute tache de cette infamie ». Pour de nombreux participants à ces échanges, l’éducation reste le meilleur moyen de lutter à long terme contre la corruption.

Une nécessaire prise de conscience
Jean-Jacques Lumumba, lanceur d’alerte et co-fondateur du réseau anti-corruption Unis, partage le point de vue de ces jeunes.
Le petit-neveu de Patrice Lumumba, qui a participé aux échanges, se félicite de la prise de conscience de plus en plus forte de la population, grâce aux lanceurs d’alerte et à la révélation de nombreux scandales. Mais pour l’instant, les lignes ont encore du mal à bouger. « Nous ne combattons la corruption, en tant qu’Africain, que lorsque cela ne nous arrange pas. Quand on voit la corruption chez les autres, on crie au scandale, mais lorsque cela nous concerne, c’est plus compliqué ».
Et de citer l’exemple de certaines écoles « qui demandent aux élèves de ramener des présents ou des cadeaux en classe, comme de la nourriture, du sucre ou du savon. Pour moi, c’est déjà une forme de corruption inculquée dès l’enfance ! ».
Jean-Jacques Lumumba se dit également choqué par les fêtes et les célébrations qui suivent les nominations des ministres par leurs familles et leurs proches. « Lorsque quelqu’un devient ministre, on sait qu’il deviendra riche. On lie la fonction politique à la richesse. Cette forme d’organisation de la société, qui ne repose pas sur la méritocratie, a entretenu la corruption.
Aujourd’hui, c’est bien d’avoir des parquets financiers, de réhabiliter la Cour des comptes, de créer une agence anti-corruption et de renforcer la justice. Mais le vrai travail à long terme sera fait par la sensibilisation et l’éducation. Et c’est là que l’on peut combattre la corruption.
Ce sont ces mauvaises habitudes que nous avons transformées en mode de vie que nous devons changer, et c’est à l’école, auprès des jeunes générations, que nous pouvons le faire »

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